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ANT-TRN Association Nationale des Titulaires du Titre de Reconnaissance de la Nation
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13 décembre 2009 7 13 /12 /décembre /2009 08:10
violetteViolette Jacquet-Silberstein vous avez été déportée à Auschwitz.......
Bien qu'originaire de Roumanie mes parents et moi avons obtenu la nationalité française en 1938.
Nous habitions au Havre où mon père avait un magasin de tailleur.En 1942, comme nous étions juifs,nous
avons dû rendre l'acte de naturalisation daté de 1938 et nos cartes d'identité de Français qui furent remplacées
par des cartes d'étrangers apatrides et estampillées en gros caracrtères: JUIF.Devant la menace qui planait sur nous , ma famille est allé vivre à Lille chez un oncle.J'avais dix-sept ans .C'est là que quelqu'un nous a dénoncés.Arrêtée le 1er juillet
1943 , j'ai été déportée avec mes parents à Auschwitz-Birkenau.Je n'ai jamais su ce qu'était devenu mon père; quant à ma mère , j'ai su très vite qu'elle avait été gazée.
Il y avait un orchestre de déportées au camp.........
A notre arrivée , jai été placée en quarantaine dans le camp A. Mon bloc bordait la rue principale et dès le premier jour , j'ai vu sidérée , défiler un orchestre de femmes.Quelques jours plus tard , on nous a demandé s'il y avait parmi nous des musiciennes pour entrer dans l'orchestre.J'avais bien fait sept ans de violon , mais j'avais beaucoup oublié.Et puis je n'avais pas envie de faire de la musique. Deux de mes amies ont été prises et m'ont vivement conseillé de faire acte
de candidature car elles bénéficiaient d'un meilleur traitement.Elles vivaient et travaillaient dans un bloc à part où il n'y
avait ni violences ni punitions .J'ai pensé alors que je devais essayer de sauver ma vie pour retrouver plus tard la personne qui avait dénoncé ma famille.Et puis à dix-huit ans , on a toujours l'espoir que les choses s'arrengeront.
J'ai donc passé une audition mais on a pas voulu de moi.A la fin de la quarantaine , je me suis retrouvée au camp B, celui des Kommandos de travail.Mes deux amies ont insisté pour que je refasse une tentative auprès d'une autre chef d'orchestre , Alma Rosé , musicienne de haut niveau et nièce de Gustave Malher.Elle a accepté de me prendre à l'essai.Cela m'a sauvé la vie.Nous étions une quarantaine de femmes et formions une sorte de famille , en particulier entre francophones . Avec des violons , des mandolines , des guitares ,une grosse caisse , une batterie , des accordéons
des flûtes, une contrebasse .....,notre orchestre était fait de bric et de broc. Notre répertoire allait de l'opéra à l'opérette en passant par la musique classique et les chansons à la mode . Les SS fournissaient les partitions. Des femmes  de l'orchestre réalisaient les orchestrations .Je crois que nous jouions bien.Nous ne le faisions pas pour plaire aux Allemands , mais par dignité vis-à-vis de nous-mêmes et par respect pour Alma Rosé .
A quoi servait l'orchestre ?
Notre travail consistait à jouer des marches militaires le matin et le soir , à l'aller et au retour de la journée de travail , au moment du comptage des femmes.Nous n'avons jamais joué pour accompagner celles qui partaient à la chambre à gaz
jamais non plus au moment des sélections pour l'infirmerie , personne ne nous l'a demandé.Certaines déportées nous détestaient car la présence d'un orchestre dans ce camp leur était insupportable.Mais d'autres appréciaient.
Des SS dont le sinistre docteur Mengele , grand amateur de Bach , assistaient parfois à nos répétitions et nous demandaient de jouer deux ou trois morceaux.Nous donnions aussi des concerts pour les déportés le dimanche après-midi, en plein air entre les camps A et B . Quand il faisait mauvais, nous allions jouer dans les infirmeries .
Lorsque Alma Rosé est morte de maladie en avril 1944 , il s'est passé une chose incroyable: les SS ont dressé un catafalque pour que nous puissions lui rendre un dernier hommage! L'orchestre a continué à fonctionner.En octobre , à cause de l'avance des troupes soviétiques , nous avons été transférées à Bergen-Belsen où les Anglais nous ont libérées le 15 avril 1945. L'orchestre avait cessé d'exister .
Comment s'est passé votre retour en France?
Je tiens à préciser que je ne me considère pas comme une héroïne mais comme une victime.Mon retour s'est très mal passé.Avec deux parents , nous avons rouvert le magasin de mon père.Mais le plus terrible , c'est  que presque personne n'a voulu entendre notre histoire.Il a fallu du temps avant que les gens nous écoutent .C'est qu'en 1995 , à l'occasion du 50éme anniversaire de la libération des camps , que les choses ont vraiment changé.On m'a alors demandé de témoigner dans les établissements scolaires.Parce que j'ai été un témoin direct qui a vécu l'horreur , j'ai des raisons d'espérer que ces jeunes garderont le souvenir de ce que je leur ai dit, j'en reçois des peuves émouvantes à chacune de mes interventions .
(souce les chemins de la mémoire n° 199 nov 2009)
A lire
Les sanglots longs des violons .....
V.Jacquet-Silberstein, Y.Pinguilly
Oskar Jeunesse.




 
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